17 août, 2009

Jean Alphonse Ravaton Ti Frere.



Jean Alphonse Ravaton,

Ti Frère.


Jean Alphonse Ravaton, appelé Ti Frere, est né le 29 avril 29th, 1900. Son père était un malgache , cocher de métier qui était chanteur et danseur de séga. Sa mère était Marlène Ravaton. Ils habitaient Quartier Militaire.

Son père avait aussi un bande de danseurs et animait des fêtes. Alphonse a appris le métier avec lui.

Plus tard il a formé sa propre troupe.

Dans sa jeunesse, il avait souvent animé le " zarico" qui se dansait le samedi soir.

Un gâteau couronné avec un haricot était partagé aux convives. Le haricot était enlevé pour orner de nouveau le gâteau du samedi suivant.

Pendant les années 50 et 70, le séga était uniquement la musique des pauvres créoles. Les bourgeois de toutes les communautés trouvaient que le séga était vulgaire et ne convenait pas à leur société.

Il a fallu attendre les années 80 pour que cette musique soit tant soit peu acceptée. Quand j’étais adolescent, on ne dansait pas le séga, pourtant on dansait accompagné des disques africaines rythmées comme « Anna Se man » Il y avait toutefois des amateurs dont André Blandin de Chalain dit Tecko qui était un ami de notre famille.

Lors des pique niques Tecko aimait chanter les ségas de Ti Frère qu’il connaissait bien.

Un jour il nous a invité dans un campement qui appartenait à Daruty de Granpré. Le campement était sur un îlot appelé Montagu.

Nous avons d’abord été dans une cabane de créoles avant de prendre la pirogue pour traverser l’étroit bras de mer. Tecko a été accueilli avec joie, car Il avait baptisé un enfant.

Ti frère qui était présent, nous a invité pour la fête de nuit.

Qu’elle euphorie dans cette famille créole ?

Ti frère a d’abord raconté des récits de sa composition et a ensuite chanté avec sa verve habituelle.

Le son de sa voix rauque, plein de gouaillerie ne m’a pas quitté. Parfois Tecko l’accompagnait et il riait alors les yeux pétillants de malice. La fête a été copieusement arrosée de rhum. On était tous plus ou moins ivres. Le Roi du Sega simple et humble l’était lui aussi.

Clarel Betsy qui a chanté les séga en France avait composé le séga Ti Frère que l’on chante encore.

Ti frère a chanté toute sa vie. . Il s’accompagnait de la ravanne, la maravane et du triangle, plus rarement de l ’accordéon.

Ti Fràre a eu plusieurs petits métiers . Il avait été coupeur de canne à sucre, chauffeur de bus, casseur de roches pour les industries de bâtiment et même forestier quand Tecko lui a fait avoir un emploi. Tecko était un haut officier des Bois et Forêts.

Les chansons de Ti Frère ont une connotation africaine et malgache mais aussi est marqué par les mélodies françaises.

Dans les années 80, le sega de salon devait prendre naissance, Serge brasse de vient célèbre avec « Madame Eugène » et les chanteurs de la radio Nationale dont le populaire Jacques Cantin, entre autres. Ce dernier avec repris les vielles rengaines mais aussi le Noir Noir Noir de Ti Frère. Il a souvent chanté un succès Sir Jules.

On a assisté alors à un changement dans le sega traditionnel de ti Frère. Ce n’était pas le même rythme.

Ce sega modifié, plus mélodieux est populaire de nos jours dans toutes les communautés. Il ne fait pas cependant oublier les authentiques compositions classiques de Ti Frère dont Anita, Catambo, Papitou, Charlie O, Angeline, Noir Noir Noir, Fidelia, Elise. La grain café, Qui balier là.

Pour les fêtes de l’indépendance, il devait assurer l'animation musicale, mais s'était désisté.

Matante Beda avait été contacté par le ministre Harold Walter pour animer la fête et mettre de l’ambiance au Champ de Mars.

''Missié Walter dire moi ale aster la toile couler drapo national dans magasin pour fer jupe ek blouses séga, après li pou payé. ''

Il y avait danseurs pour l'occasion, six femmes et trois hommes. Ils ont chanté entre autres ségas 'Prend mo lamain donne to lamain'. Après le spectacle, les danseurs ont été au jardin de Pamplemousses pour ''mangé boire''.

Ti frère n’était pas venu car il n’aimait pas la politique. Il avait d’ailleurs de nombreux amis dans l’opposition qui avait combattu l’indépendance, comme Gaétan Duval.

Ti frère critiquait souvent les politiciens dans ses satires et trouvait qu’ils se nourrissaient sur la bosse du petit peuple crédule. D'autres allaient suivre les traces de Ti Frere, malgré le fait que le séga était encore une musique marginalisée, particulièrement Jacques Cantin et passer les ségas de Cantin dont Sir Jules, et de Maria Sega…. Nom d’emprunt… une femme qui avait introduit le séga en France, notamment « La Pointe aux piments. »

Max Moutia, malgré les critiques, faisait passer cette musique sur les ondes de la radio mauricienne..

La fin des années 50 allait aussi marquer l'entrée du séga dans les salons, avec l'arrivée de Serge Lebrasse et son Madame Eugène. Ce dernier de faisait parfois accompagné par l'orchestre de la police, sous la direction de Philippe Oh San. Roger Augustin, Francis Salomon, Roland Bavajee et Michel Legris et d ’ autres précurseurs, ont produit des ségas, sont plusieurs avaient la faveur du public créole.

Dans les années 90, Ti-Frère ne reconnaît pas ce qui se passait dans ce monde. Il trouvait avec tristesse qu’il y avait moins de joie de vivre, de verve et moins de simplicité.

Il est devenu dans ses derniers jours un vieillard aveugle au visage rîdé. Amaigri, Il est mort toujours pauvre à 92 ans.

Ti Frère a été décoré du MBE (Membre de l’Empire Britannique..)

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Le séga est la musique nationale de Maurice, de l'île de La Réunion, des Seychelles, de Rodrigues et des iles Agaléga, Saint-Brandon et Diego Garcia. .

Le Maloya qui ressemble au séga est connu à la Réunion.

Le séga rodriguais est composé de deux musiques différentes :

le séga tambour, plutôt africain, et le séga accordéon,très mélodieuse.

Aux Seychelles le rythme di séga est plus lent.

Le séga se danse en avec une rotation cadencée des hanches et des mouvements variés. Le danseur de baisse et remonte à volonté avec sa cavalière qui se montre sensuelle et provocatrice.

Jacques Gérard Milbert, le peintre qui a accompli un voyage à l’Ïle de France, en 1803, a écrit sur les danses d’esclaves. Il mentionne le chéga ou « tchéga , qui évoluera en séga.

Le ségatier est accompagné par la la maravane, constituée d’une boîte en cannes à sucre contenant des cailloux ou des billes.

La ravane, est un tambour taillé dans du bois construit avec le goyage de Chine et recouvert d'une peau de cabri (chèvre) tendue que l’on faisait chauffer avant le spectacle.

1 commentaire:

Lucien Putz a dit…

Il est important de signaler qu'il existe un cd de Ti Frere qui s'intitule "Hommage à Ti Frere" enregistré et compilé par Ocora Radio-France en 1989. Voir le site australien: ravaton.tripod.com
Lucien Putz, ami de Ti Frere, initiateur du projet, auteur du texte de présentation du cd (www.lestambours.blogspot.com)